Présages
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Guere de fruits, ni grain, arbres & arbrisseaux (1)
Grand volataille, procere stimuler (2)
Tant temporel que Prelat leonceaux (3)
TOLANDAD vaincre, proceres reculer (4)
Guere de fruits ni grain, arbres & arbrisseaux : (Sanctus Leo)degarius à savoir Saint Léger (deuxième partie du mot)
Grain : en latin, "spica" est l'impôt sur le grain, ce qui évoque l'Espier ou l'Espierre, en néerlandais "Spier", la rivière qui coule à côté de la Maison de Saint-Léger (Leodegarius)
Grand volataille : valetaille, ce qui évoque les domestiques, les serviteurs, les oblats, les compagnons de métier, le personnel des diverses professions, c'est-à-dire tous les membres de l'Ordre du Temple qui ne portaient pas les armes et travaillaient à son service, ce qui constituait une main d'oeuvre nombreuse, en particulier par rapport au nombre des chevaliers
Procere : procéder
Stimuler : dissimuler, soutenir, épauler, seconder
Tant temporel que : Temple, biens matériels et temporels ou terrestres
Prelat : supérieur ecclésiastique
leonceaux : (Sanctus) Leo(degarius), à savoir Saint Léger (première partie du mot)
TOLANDAD : Familles de To(urnai), (de) Landa(s et de Mortagne)
vaincre : remporter un combat par les armes, gagner une compétition
Proceres : en latin, ce mot désigne les personnages éminents, les nobles, les grands (Gaffiot)
Reculer : Avancer à reculons, ce qui évoque la fuite nocturne des chevaliers de la Maison de Saint Léger, dont les chevaux avaient été déferrés et referrés à l'envers, pour laisser sur le sol des traces faisant supposer l'arrivée de renforts et retarder l'attaque des troupes françaises
Leodegarius
Léo + de + gra + uis : Selon un procédé kabbalistique qui était familier à Yves de Lessines, la réunion de syllabes des vers 3, 1, 2 et 1 et la remise en ordre des lettres donne "Leodegarius".
Tolandad
De manière curieuse, ce mot fait partie d'un quatrain qui a été publié parmi les "Présages", qui ont fait l'objet de diffrentes éditions distinctes par rapport à la plus grande partie du textes, pubié en plusieurs fois sous le titre de "Prophéties". De manière tout aussi curieuse, le mot est écrit en lettres majuscules, ce qui permet de supposer un respect de la présentation manuscrite originale. Il s'agit d'un mot inventé pour les besoins de la cause par Yves de Lessines : évoquer un toponyme par un patronyme, tout en voilant le sens du mot. Ainsi a-t-il combiné le nom d'une ville : Tournai, et le nom d'une famille importante de la région, qui tire son nom d'un village situé entre Valenciennes et Lille, à savoir Landas, dont une dernière descendante avait épousé l'héritier de la Chatellénie de Tournai, en raison de la possession de la Seigneurie de Mortagne.
La famille de Landas
Marie de Mortagne, Dame de Mortagne et Châtelaine de Tournai s'est retrouvée sans descendance après le décès de son époux lors de la Bataille des Eperons d'Or (Courtrai). Son oncle, Baudouin de Mortagne (1245-1319), a hérité des deux titres et de la possession des deux domaines lors du décès de Marie de Mortagne en 1312. Il était le fils d’Arnould de Mortagne et de Yolande de Coucy. Il avait épousé en 1287 la fille de l'unique héritière de Gilles de Landas, à savoir Béatrice de Landas, Roupy et Bouvines. Le nom de famille est LANDAS, ou plus exactement MORTAGNE DIT LANDAS, Ainsi l'ancienne maison de Landas s'est-elle éteinte dans la maison de Mortagne, dont un cadet a repris les nom et armes des Lands, comme c'était l'usage.
En 1313, Baudouin de Mortagne vend son héritage à Philippe Le Bel, tandis qu'en sa faveur, ce dernier érige Landas en baronnie, en y annexant Bouvignies. Les deux terres devaient être tenues en un seul fief du Château de Douai, en haute justice, avec une loi privilégiée prévoyant la désignation de sept échevins.
L'origine de la puissante famille de Landas remonte à la noblesse franque. Lors de l'apparition de la féodalité, les Landas sont aussi puissants que les Comtes de Flandres, dont ils sont les vassaux; ils possèdent terres, châteaux et droits seigneuriaux sur toute la Pévèle. Il se font également acheter leur protection par les abbayes de Marchiennes, de Saint-Amand et de Cysoing, et même par le chapitre de la cathédrale de Tournai. En 1279, ce dernier achètera le bénéfice de la dîme sur tout le territoire de Landas, à Jean de Brébisons, qui la tenait en fief de Renaul de Cans, chevalier, et ce dernier du Seigneur de Landas ; dès lors, cette dîme fut mise hors de fief et demeura à la cathédrale, affranchie de toute espèce de services.
Les Seigneurs de Landas avaient leur résidence habituelle dans le château situé dans le villag du même nom, qui était construit sur une motte entourée d'eau, près du cimetière. Ce fut le lieu de naissance de la plupart des membres de la famille. Cet édifice qui était encore cité comme remarquable au 17ème siècle, a été démoli au cours du siècle suivant.
A l'exemple des plus grands seigneurs, ils avaient un sénéchal. La loi de Landas, consignée par écrit en 1236 et confirmée plusieurs fois par les Comtes de Flandre, stipule qu'on va à enquête à Saint-Amand-en-Pevèle, que les renies se paient en monnaie ayant cours à Douai et que les échevins tiennent leurs plaids près la porte de la ville.
De nombreuses seigneuries de la région proviennent d'un démembrement de la Seigneurie de Landas, dont diverses parts ont été attribués à des cadets de la famille. C'est le cas, entre autres, du "Metz à Auchy-lez-Orchies", de Lannay à Nomain et de la Seigneurie de Saméon.
La proximité de l'Abbaye de l'Honneur Notre-Dame Thémolin a valu à cette dernière d'importantes donations de terres, qui seront plus tard l'objets de nombreux litiges avec les Seigneurs de Landas, qui sont évoqués par les sources documentaires concernant ces biens.
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