L'itinéraire historique


L'itinéraire historique


Un Dernier Chemin pour les Templiers


Sortant de Paris en direction de Saint-Denis par la voie terrestre, une poignée de chevaliers de l'Ordre du Temple auraient pris la route qui passe à l'est de la Butte de Montmartre, puis seraient se seraient dirigés vers Pontoise, en suivant l'ancienne chaussée romaine.


Cet itinéraire avant l'avantage de la rapidité...


Par la voie fluviale, ils se seraient embarqués sur les quais de la rive droite de la Seine, en face de l'Ile Notre-Dame et l'Ile aux Vaches, puis ils auraient suivi le fleuve jusqu'à Conflans-Sainte-Honorine.


Puis, ils auraient suivi le cours de l'Oise, à cheval ou en bateau...


Cet itinéraire avant l'avantage de la discrétion et de la sécurité.


Ensuite, les Templiers seraient allés vers Noyon, puis ils se seraient dirigés vers Saint-Quentin, mais ils auraient contourné le Comté du Vermandois, en passant dans les environs de Chauny, avant de continuer à suivre le cours de la rivière en direction de Guise.


Enfin, ils auraient traversé la Forêt de Mormal, où coule la Sambre, pour s'arrêter à Bermeries, où l'Abbaye de Cambron exploitait une importante ferme et possédait de grandes étendues de terres agricoles et de forêt, en bordure de l'ancienne chaussée romaine partant de Bavay.


Un refuge idéal...


Poursuivant leur mission secrète, les Templiers se seraient dirigés vers Saint-Waast-la-Vallée, où ils auraient pris l'ancienne chaussée romaine venant de Bavay en direction de Tournai, dont l'admirable tracé continuait à faire l'admiration des gens du Moyen Age.


En suivant cette route rectiligne, ils auraient traversé la partie orientale de la Forêt de Raismes, puis ils auraient suivi le cours de l'Escaut jusqu'à la Pierre Brunehaut, un très ancien mégalithique situé près d'une croisée de six chemins, à proximité duquel les Templiers possédaient un bois, qui continue à porter leur nom, dans la Forêt de Howardries.


En raison du faible peuplement des zones traversées, tantôt boisées, tantôt marécageuses, cet itinéraire avant l'avantage de la rapidité, de la discrétion et de la sécurité.


Ensuite, pour contourner la Ville de Tournai et éviter les troupes du Roi de France, sans attirer l'attention de ses sympathisants locaux, ils auraient suivi l'ancienne chaussée romaine venant d'Arras, jusqu'à Rumes.


Puis, ils auraient poursuivi leur route vers le nord à travers le Tournaisis, en restant à bonne distance à la fois du centre urbain et de la frontière avec le Royaume de France, qui était gardée par diverses places fortes, comme La Royère.


Ainsi seraient-ils arrivés à Saint-Léger, dans l'actuelle Commune d'Estaimpuis, où ils possédaient une importante maison.


Le vendredi 13 octobre 1307, les lieux étaient déserts, car ses occupants avaient pris la fuite à l'annonce de l'arrestation ordonnée par le Roi de France, Philippe le Bel, tandis que le Maître de l'Ordre du Temple, Jacques de Molay, et quelques dignitaires qui étaient restés auprès de lui, n'avaient pas trouvé d'autre choix que de se sacrifier dans l'espoir de sauver leur ordre...


Arrivés sur place dans les jours, les semaines ou les mois qui ont précédé cette date fatidique, les Templiers ont pu se préparer à franchir l'Escaut, situé à proximité, qui marquait la frontière entre le Comté de Flandre (qui relevait du Royaume de France) et le Comté de Hainaut (qui relevait de l'Empire romain germanique), en vue de pourvuivre leur route vers Moustier et vers Wodecq, qui était leur destination finale...


La réalité géographique médiévale


Se déplacer sans carte


Dans les temps anciens, les marchands se déplaçaient pour les besoins du commerce et les pèlerins suivaient un cheminement spirituel.


Quels qu'ils soient, les voyageurs n’avaient à leur disposition ni carte routière ni système de navigation à l’aide d’un satellite. Ils allaient d’un endroit à un autre, en s’informant, à chaque étape, de la route à suivre jusqu’à l’étape suivante, en vue d’arriver de la manière la plus sûre et la plus rapide à leur destination finale.


Certains chemins exposaient les voyageurs à l’insécurité : le brigandage était une chose courante. Certaines voies n’étaient praticables qu’à la saison sèche. D’autres voies pouvaient être parcourues en tous temps. Outre ce dernier avantage, certaines voies offraient l’avantage de la rapidité.


Les chemins vicinaux


Un système complet de chemins vicinaux n’a pas été établit avant le 19ème siècle. Avant son achèvement, un grand nombre de villages ne communiquaient avec l’extérieur que par les simples chemins de terre qui était parcourus depuis un temps immémorial. Leur tracé dépendait à la fois des lieux de peuplement et des difficultés de terrain. Dans l’ensemble, ils constituaient un fouillis de pistes plus ou moins sinueuses.


Les chaussées romaines


Les anciennes chaussées romaines tranchaient sur le réseau des petites routes rurales, en raison à la fois de leur largeur considérable et de leur tracé rectiligne. Ces voies présentaient le double avantage de pouvoir être parcourues dans toutes les circonstances climatiques et de permettre de parcourir rapidement de longues distances entre des lieux particulièrement éloignés les uns des autres.


A l'époque impériale, leur vocation militaire permettait d'assurer des déplacements de troupes dans le but de pouvoir intervenir en cas de nécessité urgente, notamment sur les zones frontalières avec les territoires des tribus germaines.


Le voies romaines principales était qualifiées de « viae publicae » (voies publiques). C'étaient les artères maîtresses du réseau routier, qui reliaient les grandes cités entre elles. Elles étaient également appelée « viae praetoriae » (voies prétoriennes), « viae militares » (voies militaires) ou « viae consulares » (voies consulaires), notamment en fonction de leur intérêt stratégique (pour la défense de l'Empire) ou commercial (pour la circulation des marchandises). L'État pouvait prendre en charge le financement de leur construction, mais une contribution était exigée des cités et des propriétaires des domaines traversés par ces routes, qui devaient également assurer leur entretien. Elles portent souvent le nom de la personne qui a apporté le projet de sa construction (Exemples : Via Agrippa, Via Domitia). Leur largeur moyenne était de 6 à 12 mètres.


Les voies principales se subdivisaient parfois en plusieurs routes suivant des directions différentes à partir d'un même point. Chaque voie de cette nature constituait un « diverticulum », c'est-à-dire, dans le langage des géomètres, un chemin détourné ou écarté.


Les voies romaines secondaires étaient les « viae vicinales » (voies vicinales). Elles s'embranchaient sur les « viae publicae » et permettaient de relier entre eux les différentes localités importantes d'une même région. Elles constituaient la majorité des voies du réseau routier. Leur largeur moyenne était d'environ 4 mètres.


Si détériorées qu’aient pu être les anciennes chaussées romaines, elles constituaient les voies de communication les plus amples et les plus directes. Si on les fréquentait peu, c’est parce qu’elles passaient le plus souvent à une distance plus ou moins importante des villages. En effet, leur vocation n’était pas d’assurer une desserte locale mais d’assurer une circulation interrégionale. Toutefois, on avait toutes les raisons d’en admirer l’allure et les proportions, de sorte que les cartographes se sont fait un devoir de les signaler comme des monuments remarquables. De plus, les voies de communication romaine étaient parfaitement connues à l’époque médiévale. Ainsi, par exemple, l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger faisaient toujours l’objet de copies.


Les caractéristiques des anciennes chaussées romaines présentaient un double avantage pour les Templiers : outre la rapidité de leurs déplacements d’une étape à l’autre, ils pouvaient voyager avec une plus grande discrétion.


Les toponymes


Les trois couleurs de l’Ordre du Temple étaient le blanc, le rouge et le noir. Le blanc était la couleur du manteau des chevaliers, sur lequel ils ont été autorisés à porter une croix de couleur rouge, ainsi que de leur habit ; par contre, le noir était la couleur portées par les autres membre de l’Ordre du Temple, en particulier les sergents, qui n’avaient pas reçu l’ordination chevaleresque.


Les Templiers possédaient un réseau d'établissements très dense étroitement lié au réseau de voies romaines. Leur présence se remarque près des ruines antiques. Souvent, leur souvenir a été mis en relation avec l'habitat gallo-romain, car on désignait souvent dans les campagnes, sous le nom de moines rouges, les anciens habitants des sites gallo-romains.


L'adjectif « rouge » est généralement associé à un nom commun. Les toponymes désignés de cette manière remonteraient à l’époque gallo-romaine : à bordure des chaussées, ils rappelleraient les hôtelleries qui servaient de relais pour les voyageurs, ainsi que les établissements présentant un caractère militaire ou fiscal. Le terme rouge viendrait de la peinture revêtant ces habitations, de la couleur des murs ou des toitures, sinon de la dominante picturale des ruines des bâtiments, selon la couleur des briques et des tuiles gallo-romaines. Tel est le cas pour « Maison Rouge », mais aussi pour « Croix Rouge ». Si ce dernier toponyme côtoie un site gallo-romains, c'est parce qu'ils s'inscrivent tous deux sur de vieux axes de communication.


Les Templiers et les Cisterciens entretenaient des relations étroites. Sous la paternité de Bernard de Clairvaux, les deux ordres avaient une origine commune.


L’adjectif « blanc » se retrouve dans divers toponymes en rapport avec les Templiers et avec les Cisterciens. Le blanc constituait une couleur caractéristique à la fois pour les chevaliers templiers et les moines cisterciens. De plus, les Cisterciens étaient qualifiés de « Moines blancs », par opposition avec les Bénédictins, qui étaient qualifiés de « Moines noirs ». On retrouve cette distinction dans la bulle papale « Ex parte fraternitatis tue » d'Alexandre III (1105-1181): « albi monachi et nigri », qui se trouve dans le Cartulaire général de l'Ordre des Hospitaliers. Le même texte associe les Cisterciens et les ordres militaires : « predecessor ... solis fratribus Cisterciensis ordinis et Templariis et Hospitalariis décimas laborum suorum induisit ».


Pour administrer leurs domaines, les abbayes avaient jalonné les chemins de prieurés, qui étaient reliés à l'abbaye-mère par des routes susceptibles de porter les charrois qui provenaient de leurs différents sièges d’exploitation agricoles.


Parfois, les lieux d’installation templiers et cisterciens étaient voisins. De ce point de vue, l'association des deux ordres est ancienne. Les Templiers pouvaient assurer la protection des chemins qui reliaient les propriétés cisterciennes, d'où la succession de toponymes caractéristiques : « Croix Rouge » et « Maison Rouge » pour les Templiers ; « Croix Blanche » et « Maison Blanche » pour les Cisterciens. Saint Bernard a eu un rôle capital en faveur du développement de l'Ordre du Temple, et après l'abolition de ce dernier, les Templiers cherchèrent refuge notamment chez les Cisterciens, qui leur étaient familiers. Pour la plupart, les maison de l’Ordre du Temple étaient des domaines ruraux semblables aux granges, fermes et prieurés cisterciens.


Ainsi, la parenté spirituelle entre les Cisterciens et les Templiers s'affirme-t-elle en même temps dans une parenté architecturale. Sans doute les ouvriers qui travaillaient à la construction de leurs édifices étaient-ils protégés à la fois par les uns et par les autres... 


Dès lors, les toponymes « Maison Blanche » et « Croix Blanche » se retrouvent également.


Dans les toponymes, le blanc peut aussi évoquer la couleur de la croix de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, auquel les biens de l’Ordre du Temple ont été dévolus après sa dissolution. Suite à la perte de la Terre Sainte, il deviendra l’Ordre de Rhodes (1307), puis l’Ordre de Malte (1530), après leur installation successive sur ces deux îles, après un premier déménagement sur l’Ile de Chypre. Les membres de cet ordre portaient un manteau rouge sur leur habit noir à la croix blanche.


Un grand nombre d’établissements templiers s'élevaient près des voies les plus fréquentées. Les Templiers ont cherché à s'implanter à proximité d'anciennes voies romaines et le long du littoral. C’était une manière d’assurer l’hébergement et la protection des itinéraires de pèlerinage, conformément à la vocation initiale de l’Ordre du Temple, tant en Orient qu’en Occident.


Les lieux de pèlerinage étaient innombrables. Les principaux centres vers lesquels convergeaient les pèlerins étaient Saint-Jacques-de-Compostelle, Rome et Jérusalem. Un certain nombre d’établissements cisterciens pouvaient également assurer l’accueil des pèlerins en bordure des routes de pèlerinage, même si les Cisterciens et les Templiers n’étaient pas les seuls à assurer cette fonction, et ce, parmi leurs nombreuses autres activités.


La toponymie a conservé diverses traces de présence templière, notamment dans le vocable « Le Temple ».


Un indice significatif du passage d'une voie romaine pourrait être la présence des toponymes « Maison Rouge », « Croix Rouge », ou de dénominations du même genre dans lequel apparaît le même adjectif, ou parfois, mais beaucoup plus rarement les toponymes « Maison Blanche » ou « Croix Blanche ».


L’adjectif « rouge » ne provient pas forcément de la couleur des briques ou des tuiles gallo-romaines, mais, dans la mesure, où les Templiers et les Hospitaliers se sont installés sur d'antiques itinéraires, l'association se comprend, de sorte que l’indication d’une présence templière ou hospitalière correspond à un point de passage d’une ancienne chaussée romaine.


Par contre, l’adjectif blanc est également associé à la couleur de la chaussée, mais qu’il y ait pour autant un rapport avec une présence templière ou hospitalière, ou avec une ancienne voie romaine. Ainsi trouve-t-on le toponyme « Blanc Pavé ».


La spiritualité templière


Les Templiers étaient à la fois des moines et des soldats : la Règle de l’Ordre du Temple, dont les principes avaient été définis le 28 février 1128 par le Concile de Troyes, définissait la manière dont ils devaient remplir leurs obligations militaires et leurs devoirs religieux, sur le modèle de la règle bénédictine. Après être intervenu à la demande du Roi de Jérusalem pour faire reconnaître officiellement les Templiers, Bernard de Clairvaux fait l’éloge de cette nouvelle chevalerie, en conciliant les impératifs de la guerre avec sa théologie mystique. Les premiers découlent de la nécessité d’assurer une défense armée contre les agressions injustes. La seconde définit une quête spirituelle qui repose sur la prière et sur l'amour de Dieu. Toutefois, il adjure les Templiers à rester des moines avant d'être des soldats.


Le parcours initiatique proposé constitue une occasion pour le voyageur de se familiariser avec la spiritualité de l’Ordre du Temple, dans son aspect le plus universel, et ce, en dehors de toute préoccupation religieuse particulière.


Entre Bermeries et Saint-Léger, trois templiers balisent le parcours  : Nicolas dit Colas de Rampemont, qu'on retrouvera à La Flamengrie, ainsi qu'Amaury de Cobrieux et Gossuin Fastré de Saint-Léger, qu'on rencontrera également en cours de route, en suivant un chemin de traverse...