Introduction


Introduction


Le vendredi 13 octobre 1307, les Templiers ont fait l'objet d'une arrestation massive dans le Royaume de France, sur l'ordre de son suzerain, Philippe le Bel.


Depuis plusieurs mois, un certain nombre d'entre eux avaient toutefois été informés de la menace qui pesait sur l'Ordre du Temple, mais ils n'avaient pas pu imaginer que quiconque s'en prendrait directement à ses membres.


Selon Rudy Cambier, ils avaient profité de la saison sèche pour organiser, dans le plus grand secret, une vaste opération de sauvegarde de leurs biens les plus précieux.


Les Derniers Chemins des Templiers sont les itinéraires décrits par les Centuries, qui racontent l'histoire de cette opération dirigée par un triumvir constitué de trois hommes : un chevalier templier, un abbé cistercien et un moine ingénieux.


Le premier était le Visiteur de Flandre, Henri Plusquiel (ou Pluquiel), un rescapé de la défaite qui avait conduit à la perte de Saint-Jean d'Acre, le dernier bastion oriental de l'Ordre du Temple, de sorte qu'il avait dû se replier sur l'Ile de Rhôdes.


Le deuxième était son frère ainé, Jacques; lors de son élection à la fonction abbatiale, il avait pris le nom de son lieu de naissance, à proximité de Valenciennes, conformément à l'usage adopté par ses prédécesseurs; aussi est-il connu comme Jacques de Montignies; depuis 1293, il était le douzième abbé du Monastère Sainte Marie de Cambron, dans le Comté de Hainaut (Belgique, Région Wallonne, Province du Hainaut, Commune de Brugelette); c'était un gestionnaire pragmatique, qui avait renforcé la prospérité de la communauté monacale.


Le troisième était un descendant de la famille de Quiévrain : Yves (dont la forme médiévale commune était "Yvain") Desprez (dont la traduction latine était "de Pratis").  Lorsqu'en 1328, il deviendra le quinzième abbé du même monastère, il suivra la même tradition; aussi est-il connu comme Yves de Lessines (en latin : Ivo de Lessinis).


Venant des diverses maisons installées dans tout le Royaume de France et même au-delà de ses frontières, les Templiers avaient parcouru les routes pour rassembler les objets concernés jusqu'à la Maison de Saint-Léger, puis transporter leur trésor jusqu'à sa destination finale, située à proximité du Village de Wodecq (Belgique, Région Wallonne, Province du Hainaut, Commune d'Ellezelles), dans le Hameau de La Pierre, dans les Terres de Débat, une sorte d'enclave du Comté de Flandre dans le nord du Comté de Hainaut, dont le statut juridique était incertain, de sorte que l'autorité des souverains était lointaine...


Ils disposaient à cet endroit d'une petite propriété située en pleine campagne, un écart : le Blanc Scourchet (c'est-à-dire un petit abri blanc), à proximité de l'ancienne chaussée romaine qui conduisait de Bavay jusqu'à l'embouchure de l'Escaut, par Velzeke et Gand.


A quelques centaines de mètres, l'Abbaye de Cambron disposait d'une importante exploitation agricole : la Ferme de Cambronchau.


L'opération avait commencé dans les derniers jours du mois de mars, et tout était terminé pour la fin du mois de septembre, "au mois contraire et proche des vendanges", disent les Centuries : le trésor avait été caché dans la terre, à proximité d'un chêne et d'une pierre carrée, un mégalithe qui marquait, depuis les temps les plus lointains, le carrefour routier du Hameau de La Pierre. Cette localité, comme les villages voisins, dépendaient du Comte de Flandre, Guy de Dampierre.


C'était un refuge temporaire, en attendant que l'ouragan qui s'était déchainé contre l'Ordre du Temple se soit apaisé, pour abriter un trésor de résurrection, que l'Attendu serait chargé de récupérer. Mais ce dernier n'est jamais venu. Dès lors, le dernier survivant, Yves de Lessines a décidé de raconter toute l'histoire dans un long poème énigmatique, composé de quatrains regroupés par centaines, d'où son nom : Les Centuries.


Deux siècles plus tard, son manuscrit est tombé entre les mains d'un apothicaire provençal : Michel de Nostredame. Le texte a été publié à partir de 1555, avec un certain nombre de modifications, sous le nom de "Prophéties" et sous le pseudonyme de "Michel Nostradamus".

Après une étude philologique à la fois minitieuse et rigoureuse, Rudy Cambier a restitué la parternité de cette oeuvre à son véritable auteur.


Les chemins décrits par les Centuries indiquent que les Templiers sont venus de France, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Europe méridionale et d'Europe centrale, jusqu'à Ypres, où se situait la maison chevetaine de l'Ordre du Temple pour la Bayle de Flandre.


Le convoi qui venait de la Maison du Temple de Paris s’est rendu directement à la Maison de Saint-Léger, situé dans le nord du Tournaisis, à proximité de l’Escaut. Le fleuve marquait la frontière entre le Comté de Flandre, qui relevait du Royaume de France, et le Comté de Hainaut, qui relevait de l'Empire germanique.


Les chariots venant d'Europe centrale sont passés par Mayence, Cologne, Bruxelles et Bruges jusqu'à Slijpe (Belgique, Région Flamande, Province de Flandre Occidentale, Commune de Middelkerke).


Les biens récoltés à travers l'Europe médirionale ont été transportés par bateau. L'accostement a eu lieu à La Panne (Belgique, Région Flamande, Province de Flandre Occidentale), au milieu du plus grand domaine de tout l'Ordre du Temple, à quelques kilomètres de Slijpe.


De Slijpe, les Templiers ont transporté leur trésor jusqu'à Saint-Léger.


De Saint-Léger, il se dirigèrent vers Moustier (Belgique, Région Wallonne, Province du Hainaut, Commune de Frasnes-lez-Anvaing), après avoir traversé l'Escaut à la hauteur du Village de Herne, qui se nomme actuellement Hérinnes (Belgique, Région Wallonne, Province du Hainaut, Commune de Pecq), à l'endroit où confluent le fleuve et la rivière qui baignait les bords de la Maison de Saint-Léger : L'Espierre.


De Moustier, ils avaient poursuivi leur chemin jusqu'à Wodecq. Trois chariots ont effetué deux fois le chemin de Saint-Léger jusqu’à Wodecq, de manière à transporter les 21 tonneaux dans lesquels avait été dissimulé le trésor.


Selon Rudy Cambier, les ordres scellés du sceau de sauvegarde donnés par le Visiteur de Flandre avaient été transmis dans toute l'Europe. Ils commandaient d'envoyer le numéraire et les objets précieux. Il ne faut surtout pas se faire aucune illusion sur le volume du trésor en pièces d’or : quelques litres ou tout au plus deux ou trois dizaines de litres ! Le métal possède un poids considérable, tandis que la valeur d'une monnaie est son pouvoir d'achat. Au Moyen-Âge, l'or, parce qu’il est très rare, rerprésente un pouvoir d'achat considérable, et, dès lors, une valeur monétaire énorme : quelques grammes, deux ou trois pièces plus petites que l’ongle d’un doigt, permettent d'acheter une maison ! Les objets du culte sont fondus en lingots en forme de poissons, pour conserver symboliquement le caractère chrétien et sacré de la matière. La plus grande part du volume du trésor est constituée de reliques : les Centuries disent textuellement : "les os" ! En effet, leur valeur pécuniaire est immense ! Il suffit de se souvenir que la Sainte Chapelle de Paris, dont l’édification a coûté une fortune gigantesque, a coûté bien moins cher que le Saint Clou et la Sainte Épine que Saint Louis était si fier d’avoir pu acquérir.


Les tonneaux sont dissimulés dans plusieurs charrettes de foin, à l'arrière desquelles il semble bien que deux vaches avaient été attachées. C'était une fabuleuse ruse de paysan : à cette époque, les bovins sont rares ; ils valent très cher. Dès lors, on se souviendra d'avoir vu passer les vaches et on en parlera, mais qui se souviendra de la banale charrette et qui en parlera ?

A Wodecq, on a enterré les tonneaux, auparavant soigneusement graissés pour résister à l'humidité du terrain. Les six frères de l'Ordre du Temple qui avaient conduit les chariots lors de la dernière étape du voyage, de Saint-Léger à Wodecq, ont été sacrifiés sur place, pour conserver un secret absolu sur la cachette du trésor, et leurs cadavres laissés près des tonneaux.


A la veille de l'arrestation des membres de l'Ordre du Temple, une ultime mission est confiée à une poignée de chevaliers.


Selon le témoignage de Jean de Châlon devant la commission désignée par le Pape, Clément V, alors qu'il été incarcéré dans le Château de Chinon, ils ont quitté la Maison de Paris dans la précipitation, le jeudi 12 octobre 1307, à la tombée de la nuit, avec leurs chevaux, en direction de la mer...


Dans son livre sur les Templiers, Gérard de Sède a raconté que trois charrettes avaient été utilisées...


Selon cet auteur, les fuyards auraient embarqué avec leur trésor sur dix-huit navires, sous la direction du Précepteur de France, Gérard de Villers, tandis que son fils, Hugues de Châlons, aurait emporté le trésor de son oncle, Hugues de Pairaud, afin de créer une diversion.

Les Centuries évoquent toutefois l'aventure d'un petit groupe de chevaliers qui auraient suivi le cours de l'Oise pour aller vers Noyon, puis seraient remontés vers le nord, en utilisant les anciennes routes...


A cette époque, les chaussées romaines restaient le réseau de communcation terreste le plus direct pour accomplir rapidement de longues distances, tandis que les nombreux chemins forestiers permettaient un parcours sur lequel les voyageurs ordinaires ne s'aventuraient guère.


Ainsi ont-ils chevauché avec la plus grande prudence et dans la plus grande discrétion, traversant les campagnes et les forêts à l'écart des zones habitées.


S'appuyant sur les différentes sources historiques et littéraires, l'Ultime Chemin des Templiers évoque l'itinéraire qui a permis de conduire le trésor de l'Ordre du Temple jusqu'à sa destination finale...